Paris Beer Week 5
Du 1er au 10 juin s'est tenue à Paris la 5ème Paris Beer Week, un des plus gros festivals français consacrés à la bière artisanale (craft beer). Une semaine qui réunit la fine fleur brassicole d'Ile de France et d'ailleurs, des caves à bière, des associations et des passionnés autour d’événements tels que visites, ateliers, conférences, brassage de bières collaboratives, d'un concours amateur, avec comme point d'orgue le Grand Final. Une occasion rêvée de rencontrer des artisans-brasseurs franciliens, français et internationaux et de déguster parmi plus de 250 bières.
Le grand Final se déroulait comme chaque année au Centquatre (rue Curial, XIXème), mais pour la première fois sur deux jours au lieu de un. Le lieu, d'anciennes écuries, est vraiment convivial, ni trop grand, ni trop lumineux avec même deux petites cours sur les côtés pour ceux qui veulent fumer, discuter plus au calme, ou tout simplement s’aérer la tête. Le billet coûtait 20€ pour le samedi et 15€ pour le dimanche, ou 32€ les deux jours, et donnait droit à un verre format galopin (12,5cl) pour les dégustations, ainsi que 4 jetons (ou 8 pour les deux jours) avec la possibilité de racheter des jetons pour 1€50 pièce (contre 2€ l'année dernière). Les dégustations nécessitent un jeton, mais certaines bières en demandent à 2 voire 3.
Parmi les 80 brasseurs, on trouvait cette année encore des brasseries de toutes tailles, allant des quelques gros très connus, La Débauche, Dieu du Ciel, Page 24, Brewdog, Wild, Beavertown (qui n'avait pas encore vendu de parts à Heineken) ... aux petits tels la brasserie ZooBrew (Montpellier), avec un grand nombre de brasseries françaises mais aussi des suédoises, des espagnoles, des américaines ou encore des néerlandaises. Impossible de goûter les plus de 250 bières proposées, de tous les styles avec néanmoins cette année une grosse prédominance de sours (bières acide). Voici deux sélections, une coups de cœurs, l'autre de bières plus insolites.
Les coups de cœurs
On commence par mon gros coup de cœur de cette cinquième édition, la brasserie Iron (Montauban) avec tout particulierement deux de leurs bières. Tout d'abord la Health Killer, une brown ale caramel beurre salé à 8,8% vieillie en fût de vin rouge. Une bière dessert avec un gros caramel beurre salé, très présent, des notes acides, du raisin et une finale vineuse. Un délice.
La deuxième, une véritable bière bonbon, la Imperial Berliner Weisse Fraise et Tagada. Une berliner weisse (blanche allemande acide) à 8,5% assez acide, avec beaucoup de fraises et un véritable goût de fraise Tagada. Au moins le nom n'est pas mensonger.
On passe en Espagne, avec la brasserie Garage Beer Co (Barcelone) et son étonnante CUFFS & SHACKLES, une bière acide café et citron vert qui titre 5,2%. Une bière assez déroutante entre son nez et son goût très café et sa belle robe blonde. En bouche, le café enchaîne sur un citron vert marqué et acide. Une étrangeté qui ne manque pas de saveurs.
Encore une berliner weisse acide, mais cette fois-ci à la framboise et vieillie en barrique de Cognac. La Frånbooze de la brasserie de Garrigues (Sommières dans le Gard) propose un goût framboise qui part sur du boisé et du cognac, avec des saveurs qui se marient bien sans se gêner. Un must.
On finit cette sélection avec une bière de chez Brewdog, brasserie écossaise plutôt spécialisée dans les IPA, mais qui a ouvert il y a 6 mois une brasserie dédiée aux bières acides, aussi à Ellon mais séparée de sa brasserie pincipale. La gamme, nommée OverWorks n’existe pour l'instant qu'en pression et est presque introuvable en dehors du Royaume-Uni. Brewdog proposait trois OverWorks à la dégustation : la Hædor (saison brett rhubarbe et fraise), la Rhus (saison "tart" framboise, sumac et poivre blanc vieilli en fût de vin rouge italien) et enfin la Edgelord. Cette bière à 6,5% est pour le moins expérimentale, avec une base stout sirop d'érable bretts (acide), ce qui n'est déjà pas du tout commun, vieillie en fût de bourbon, refermentée avec des myrtilles et infusée avec des fèves de cacao. Un ovni qui tire sur l'érable, les bretts (brettanomyces, levure acide), le caramel, les baies avec une fin boisée et un bourbon timide.
Ces cinq ne sont pas les seules dans mon top, mais il serait trop long de toutes les aborder. Citons juste quatre autres bières: la Waxing Poetic fruits de la passion de Triple Crossing (USA), la Bière En Barrique =Alicante= de la brasserie de Garrigues, une sour raisin en barrique, la That Wine Beer B.A. de Garage, une sour vieillie 18 mois en fût de Chardonnay, et la NEIPA V3 de Popihn (Yonne).
Les insolites
Les quelques bières ci-dessus sont déjà insolites pour la plupart, en voici cinq autres, qui ne sont certes pas parmi mes préférées mais qui méritent tout de même que l'on en parle.
Il y avait tellement de sours proposées qu'à force on ne les entendait plus, et on était heureux d'avoir d'autres types de bières pour changer. Talk + Walk est une bonne découverte, cette impérial stout à 11% de Garage, encore eux, mise sur la noix de coco. Un véritable bounty liquide, très choco et coco !
Toujours dans le style stout douce, on trouve aussi la Freakaboo de la Débauche (Angoulême). Une stout marshmallow vanille à 8%, forte en goût, qui propose du marshmallow grillé et de la vanille quand elle se réchauffe un peu, avec du réglisse, du malt torréfié, du chocolat et une fin café.
La Combat est une collaboration entre la brasserie Outland (Fontenay-sous-Bois) et le bar Combat (Paris). Le résultat est une bière au blé à 5,7% qui s'inspire du Cœur de Glass, cocktail iconique du Combat : gin, pêches de vigne, Peychaud (bitter), citron, sucre, teinture d’eucalyptus et pastilles La Vosgienne. Oui oui, pastille la Vosgienne, vous avez bien lu. La Combat reprend la plupart des ingrédients mais remplace le gin par des baies de genièvre, et le citron et le sucre par du lactose et de l'acide lactique. Le résultat est vraiment atypique, avec un fruité pêche, du blé, un côté frais avec l'eucalyptus et sucré bonbon la Vosgienne dont le goût particulier se reconnait entre mille. Ovni sur 20.
La Brasserie de la Goutte d'Or (Paris) proposait de son côté une sour ale orange sanguine et basilic. Un mix qui intrigue sur le papier même si ce n'est pas la première à tenter le mélange bière et basilic (Azimut Blanche Lime Basilic, Spontanbasil, Kingpin / La Débauche Badass Basil, ...). Le nez de cette acide à 6,2% est très basilic avec pointe d'agrume, pour un goût à l'opposé, bien agrume orange, avec un basilic un peu en retrait.
Dernière bière de cette sélection, la Fist Me Cherry de la Chamoise (Niort, Deux Sèvres) dont le nom accroche l’œil et un petit sourire. Il s'agit d'une sour aux cerises à 6% mais sans commune mesure avec les autres bières acides à la cerise proposée à la PBW. La Fist est extrêmement acide, avec un goût marqué de cerise aigre et de vinaigre. Il faut vraiment être fan pour apprécier la Fist, ou alors la tenter en vinaigrette.
Moins liquide
Finissons cet article en parlant nourriture solide. La PBW propose bien évidement son lot de stands de restauration pour éponger un peu le reste. Cette année, on en comptait six dont un vendeur de donut, un de cookie, un stand de salade, et un de burger tenu par The Beast, le premier smokehouse de Paris. Leur burgers étaient horriblement chers (7 jetons, soit 10,5€) mais personne ne pouvait résister à l'odeur divine qui s'en échappait, mi barbac mi sauce bbq (au bourbon). Les deux recettes proposées, effiloché de porc et poitrine de bœuf étaient un vrai régal.
Les deux derniers stands étaient plus particuliers. Résurrection et Brewsticks & Friends se sont mis en tête de recycler les drêches (résidu de malt qui a servi lors du brassage d'une bière) pour confectionner des crackers, des nouilles, des terrines ou encore des pains à la drêche. Une bonne idée pour valoriser les déchets et éviter le gaspillage. Brewsticks & Friends travaille en circuit court avec notamment la Brasserie de L’Être (Paris).
Leur pain Black à la drêche avec de la farce champignons carottes mijotée à la bière Lights Go Out 2 (imperial stout aux deux poivres Madagascar et Sansho de la Brasserie de L’Être) ne manquait pas de saveurs et calait bien pour "seulement" 4 jetons. Une autre recette, le Triplé, misait sur une triple de la même brasserie, la Cerberus, et sur une farce oignons et pommes.
Cette cinquième édition de la Paris Beer Week était riche en découverte, en goût et en rencontre. Vivement la sixième édition !
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