Detendez le temps. On prend un coup ?
Les japonais adorent la France, synonyme pour eux de bon goût, d'élégance et de raffinement. La véritable baguette de pain remporte un franc succès à Tokyo, comme d'autres délicatesses typiques français, importées ou non : pâtisseries, eau minérale Evian, moutarde Maille, ou encore camembert Gérard. Les marques, surtout celles de luxe, usent et abusent des mots et expressions de notre belle langue pour un résultat aussi approximatif qu'hilarant appelé Franponais : grande chaine de magasin Comme ça du mode, magasin de chaussures et accessoires Frivole Cocue, menu Barbe et Queue, brasserie Ivrogne, produits de beauté Naive, pâtisserie Maximum Zizi, sucre Petit Pet, Colabo Café, restaurant Bienvenue à Wagon lit (du puis 1980) (image), ou encore Café jouir œuf (image). Leur langue a d'ailleurs emprunté quelques mots à la notre : bourgeois / burujowa (ブルジョワ), mademoiselle / mademoazeru (マデモアゼル) ou encore prêt-à-porter / puretaporute (プレタポルテ). Et notre belle capitale leur a même inspiré le syndrome de Paris ou Pari shōkōgu (パリ症候群), un indispensable souvenir rapporté par beaucoup de touristes. Devant une telle déclaration d'amour, il n'y a donc (presque) rien de surprenant à retrouver le fleuron de notre gastronomie, le vin, mis à l'honneur dans deux éditions limitées de bonbons japonais Puccho.
Les Puccho sont des petits bonbons double effet composés d'un bonbon tendre renfermant de petites sphères gélatineuses. Un concept décliné en une multitude de parfums tels mandarine, pomme, soda melon, ou encore yogourt raisin, et de petites variations ajoutant un troisième effet, de la poudre acidulée ou encore un cœur fondant. Deux éditions limitées de 2016 ont retenu notre attention, une première qui associe vin rouge et fromage et une seconde, plus haut de gamme, au champagne rosé. UHA n'en est pas à sa première incursion dans le domaine des goûts insolites, ils nous avaient gratifiés en 2015 d'un très étrange bonbon au flocons de saumon salé que nous avions d'ailleurs testés ici même (cliquez ici). Vous pouvez aller lire cet excellent article, nous vous attendons.
Les wine & cheese nous promettent de retrouver la combinaison d'un vin doux et le savoureux d'un fromage grillé, tout en vantant l'utilisation de véritable Bordeaux rouge français. Bon point pour l'association vin/fromage et le Bordeaux, mais mauvais pour le côté fromage fondu colle qui déjà moins à une séance de dégustation et à un pairing de saveur. L'emballage, forcément individuel, révèle un bonbon rosé avec des paillettes ou pépites jaunes saveur fromage, dont la forme rappelle plus un Apericube qu'une bonne grosse portion de camembert de nos campagnes. L'idée de base était alléchante mais ces Puccho souffrent du même problème que ceux au saumon. Le goût visé, qu'il soit ou non réaliste, est parasité par le goût et le sucre du bonbon. L'odeur est pour le moins étrange, mélangeant une base raisin sucré, à un fond très diffus de vin et de vieux fromage, de pied ou de lait tourné. Pas très appétissant. En bouche, on retrouve la texture chewy mais un peu dure des Puccho, et un goût principalement raisin muscat japonais, très sucré comme les japonais l'aiment, avec par moment un goût de graisse lactée déplaisante rappelant du fromage trop fondu, quand la graisse s'est séparée et que le fromage se délite. La fin s'accompagne d'un timide soupçon de vin rouge très sec, presque boisé et râpeux, et laisse après coup une sensation pâteuse, limite astringente. Un véritable ovni dont on n'arrive pas vraiment à déterminer si on apprécie ou non.
A côté de ce mélange des genres audacieux, la saveur champagne rosé parait presque banale. Ces Puccho se veulent plus haut de gamme, de l'emballage très soigné et classieux au choix des ingrédients. La recette incorpore là encore de l'alcool, ici du champagne rosé français et pas n'importe lequel s'il-vous-plaît puisqu'il s'agit de Don Perignon rosé. On ne rigole pas avec les bonbons chez UHA. Cette friandise est donc à réserver aux grands avec un taux d'alcool pouvant atteindre les 0,2%. Mâcher ou conduire, il faut choisir. Cela tombe bien, je n'ai pas de voiture. La liste des ingrédients inclue aussi des myrtilles et des zestes d'orange. Même en ignorant le packaging, cette version est bien plus appétissante que la précédente. L'odeur mélange raisin sucré muscat et orange, sans trace de champagne. La goût est lui aussi meilleur, là encore très sucré raisin et une bonne dose d'orange avec un soupçon de fruits rouges. Le champagne se fait discret face à ces goûts puissants, mais est bien là. Il se fait plus présent en fin, et sa saveur remonte dans le nez après. Une bonne surprise. Seule ombre au tableau, la texture semble encore plus caoutchouteuse qu'habituellement.
Verdict :
Giraf
Deux éditions limitées à l'alcool français mais deux résultats très différents. D'un côté on retrouve un goût parfaitement harmonieux, entre alcool, sucré et fruité, de l'autre un mélange de saveurs malhabiles de fruité sucré et de lacté gras salé, à peine sauvé par une note de vin. L'édition champagne mérite amplement son demi jambon d'or, quand la vin rouge fromage ne dépasse pas le demi jambon d'argent. La moyenne pour ces Puccho alcoolisés spécial France est donc d'un jambon d'argent.
Kephy
On ne change pas une équipe qui... comment on dit déjà... ? Non, vraiment, les Puccho ne réussiront jamais à proposer un résultat satisfaisant tant le goût sucré est omniprésent. Cela dit, il faut reconnaître qu'on a effectivement une légère sensation de champagne en fin de dégustation des bonbons idoines. Par contre, pour le vin fromage, on repassera : on s'attend à ce que ça soit mauvais, ça l'est, mais sans ressembler à ce qui est annoncé. Un demi jambon d'argent de justesse, grâce à la version champagne rosé.
PS : Trouvés et envoyé du Japon avec d'autres friandises, par Eleys que nous remercions.
Pour ceux qui se demandent pour le titre :
Est-ce qu’on peut détendre un coup, sinon ?
Seulement si on a le temps. A moins que le temps du coup détende ?
Cela dit un bon coup c’est détendant