Absolut Scorpion – Partie 2
Cet été, pendant que certains barbotaient dans l'eau fraîche, d'autres sombraient irrémédiablement dans la vodka. Non non, pas au sens figuré et d'ailleurs il n'est nul question de grand-tante Gisèle, mais d'un genre d'être venimeux à la peau dure, un scorpion. En mai dernier nous avions tenté de faire notre propre vodka piment avec un piment Trinidad Moruga Scorpion et un véritable scorpion à queue d'or. Face à un des piments les plus forts au monde, le scorpion devait surtout apporter une touche décorative et une bonne association de nom pour une Absolute Scorpion. Un peu comme enduire Carolina d'un piment Carolina Reaper pour faire une Absolut Carolina un détour aux urgences. Après quatre mois à macérer, il est enfin temps de déguster cette boisson virile maison.
Semaine après semaine, le mélange a bien changé. La vodka translucide s'est peu à peu teintée de brun pendant que le piment, lui, perdait son beau rouge sang. Au départ les deux intrus flottaient comme des cadavres mal lestés mais avant d'avoir pu trouver des parpaings à la bonne taille, les preuves avaient fini au fond. Elles se sont imbibés, nous aussi, et ont fini par couler, nous on a refusé de prendre la mer dans cet état, d'ailleurs il y avait bien trop d'iceberg. Le résultat est une bouteille trop swag comme dise les jeunes, vous savez ceux qu'on rêve justement de lester avec des parpaings.
Après les quatre mois d'attente, place à la dégustation. Cette boisson est atrocement forte, un peu trouble et avec un gros dard, comme nous en somme. Elle est aussi un peu lourde et indigeste, ça colle toujours. L'odeur est très forte et chargée, ça par contre non. On reconnait bien le type de piment utilisé. La vodka et son odeur subtile ne peuvent rien faire et pas un relent ne parvient à s'échapper. Un shot ce n'est pas grand chose, et pourtant déjà dur à finir. La moindre gorgée brûle lèvres et bouche, et l'œsophage prend cher quand on avale. Le piment a tellement corsé la vodka qu'on croirait boire directement de la sauce piquante. L'alcool s'en trouve même masqué. Un résultat moyennement étonnant avec un piment aussi fort et sachant que la capsaïcine, molécule active du piment, est soluble dans l'alcool. Au final cela donne une boisson moyennement agréable à boire et encore, en petites quantités. Elle fait cependant sûrement un remède du tonnerre à l'hypothermie.
Verdict :
Giraf
En préparant la bouteille je m'attendais à une boisson forte, bien plus forte qu'une vodka piment ukrainienne, mais quand même pas à ce point et dans un délai de macération aussi court. Les quatre mois ont été largement suffisants pour saturer la moindre goutte de vodka de piment. D'un coté cette vodka est une digne concurrente des vodka extrêmes comme la 250,000 Scovilles, et la bouteille avec son scorpion a un certain charme. De l'autre côté, elle n'est pas tellement agréable à boire et je pense qu'elle va traîner un certain temps avant que je n'arrive à en venir à bout. Je suis donc mitigé même si l'expérience est une réussite qui mérite un demi jambon d'or.
Kephy
Que reste-t-il à dire une fois que Giraf a avoué trouvé lui-même cette vodka trop forte ? Je ne prends jamais de plaisir à me brûler avec les sauces atroces qu'il me met dans les mains, il en va de même avec cette boisson dans laquelle tremper ses lèvres relève déjà du masochisme. En terme de ressenti, elle égale, voire surpasse, les sauces les plus fortes que nous ayons goûté. Il est donc difficile se donner une note, car l'objectif visé est atteint, avec en plus un joli scorpion pour le folklore, mais d'un autre côté, cette vodka est à la limite d'être impropre à la consommation. Tranchons donc avec une moyenne d'un demi jambon d'argent.
PS : Trouvable dans mon placard.